Une petite histoire...
Peu après le Déluge, alors qu'ils parlent tous la même langue, les hommes atteignent une plaine dans le pays de Shinéar et s'y installent tous. Là, ils entreprennent par eux-mêmes de bâtir une ville et une tour dont le sommet touche le ciel, pour se faire un nom. Dieu les voit, et estime que s'ils y arrivent, rien ne leur sera inaccessible. Alors il brouille leur langue afin qu'ils ne se comprennent plus, et les disperse sur toute la surface de la terre. La construction cesse. La ville est alors nommée Babel (terme proche du mot hébreu traduit par « brouillés »).
Avec le recul, je trouve assez comique d’avoir eu recourt à cette image pour structurer ma pensée. Rassurez-vous, l’objectif est tout le contraire de ce Dieu "brouilleur de pistes"... Je me suis arrêté avant la fin de l’histoire et ne garde de cette allégorie que l’idée d’UNE ENTITÉ EN PERPÉTUELLE CONSTRUCTION.
Et cette entité, "je vous le donne, Emile", c’est nous ! Ou plus exactement, une REPRÉSENTATION THÉMATIQUE de NOS ACQUIS, NOS ENVIES et NOS BESOINS.
Je l’ai imaginée à une période où je n’arrivais plus à "avancer", je sentais que je piétinnais. Et pourtant, j’avais à ma disposition pléthore de méthodes et de partitions dans ma bibliothèque. J’avais une multitude de choses à travailler mais je ne savais plus par quel chemin continuer. C’est le fameux plateau de progression (ou de non-progression, devrais-je dire) qui survient dans la vie de beaucoup d’artistes.
Je pris alors les différentes thématiques de l’apprentissage de la batterie et les disposa sur le papier les unes au dessus des autres, en fonction de leur niveau de complexité et de leurs dépendances. J’obtins alors une véritable « TOUR de BABEL ».
Quand on entreprend de s’approprier un langage comme celui de la batterie, on peut vite avoir le sentiment de se retrouver au pied d’une montagne insurmontable, un peu à la manière de Bruno dans "Le Péril Jeune" qui lâche sa guitare après avoir écouté quelques mesures d’Alvin Lee, le génie de Ten Years After.
Devant une telle virtuosité, il est en effet facile de se décourager, ne sachant pas par où commencer.
Perdu dans l’ombre, dommage que Bruno n’ait pas pu lire ces lignes et trouver un professeur pour l’aider à transformer la montagne en cette fameuse Tour de Babel... [1]
Car c’est là les premiers bienfaits de cette image :
DEFINIR UNE PORTE D’ENTRÉE ET LES DIRECTIONS À PRENDRE POUR BÂTIR LES PREMIERS ÉTAGES.
La Tour accompagne ensuite le musicien tout au long de son parcours...
Après avoir accumulé énormément d’informations et d’habitudes voire de réflexes, le besoin de faire un bilan peut se faire ressentir.
SAVOIR OÙ ON EN EST DANS LA CONSTRUCTION, FAIRE LE PLAN DE NOTRE TOUR, POUR CLARIFIER LA SUITE, À COURT ET À LONG TERMES.
En résumé, l’intérêt de cette image est qu’elle permet à la fois de prendre une « photo », faire un bilan à un temps t, mais également de structurer les besoins par rapport aux envies.
On l’utilisera ainsi pour :
DIRIGER LE PARCOURS DU MUSICIEN SUR LE LONG TERME
PLANIFIER UNE PÉRIODE DE TRAVAIL, À MOYEN TERME (s’attarder sur une thémathique précise)
ORGANISER UNE SÉANCE DE TRAVAIL OU D’ÉCHAUFFEMENT
STRUCTURER UN COURS [2]